de

Jeannine Hétreau

Assiette "Mains de femmes au collier de perles"

Assiette en porcelaine de Limoges, décorée à la main pour Primavera
Vers 1950
Ø: 24,3 cm

Limoges porcelain plate, hand painted for Primavera
Circa 1950
Ø: 24,3 cm

Empreinte de charme et de romantisme, L’œuvre de Jeannine Hétreau a eu un succès certain en France, au cours des années 50 à 70, particulièrement dans la production porcelainière, la création textile et l’illustration de mode. L’artiste a commencé son activité de décoratrice au cœur des années 30, en concevant des vitrines — sous son nom de jeune fille Jeannine Jager — à La Maîtrise, l’atelier de création des Galeries Lafayette (alors dirigé par Jean Adnet). C’est là qu’elle va rencontrer son mari, Rémy Hétreau (1913-2001), un peintre-décorateur et illustrateur formé à l’École Boulle, qui intègre lui aussi La Maîtrise en 1936. Leur amour s’épanouit véritablement en 1938, lorsqu’ils décident de s’installer ensemble dans un petit village du Vaucluse, à Brantes. Ils sont séparés un temps par la guerre, Rémy Hétreau étant mobilisé. À la libération, ils se retrouvent à Paris et se marient. Leurs deux univers artistiques, d’une figuration plutôt naïve et pleine de poésie, s’accordent parfaitement. Jeannine réalise notamment des maquettes pour l’édition de porcelaines et de textiles, à la demande de la célèbre décoratrice d’intérieurs Colette Guéden (1905-2000), directrice artistique très énergique et créative de Primavera, l’atelier de décoration du grand magasin parisien Le Printemps. Leur diffusion internationale leur assure un succès immédiat, et en particulier dans les années 50/60. Jeannine Hétreau dessinait également de superbes illustrations gouachées pour le magazine Elle et la Revue des Arts Ménagers. Le couple Hétreau aura deux filles, Marie (née en 1943) et Sylvie (née en 1944), qui deviendront également des artistes. Le couple alternera ainsi les commandes parisiennes et leur retraite campagnarde dans le Vaucluse. Tous deux pratiquaient la peinture et la gravure avec un talent graphique très original, qui se connectait de manière singulière à l’esprit français de l’époque, à la fois léger et cultivé. Leur style figuratif onirique se rapprochait de l’univers poétique de Jacques Prévert ou de l’illustrateur Peynet.

Plusieurs décors d’assiettes de cette artiste, édités par Primavera (« Le marchand de colifichets », « Femme dans une gondole », « Le Jardinier au sécateur », « La Jardinière à l’arrosoir », « Rosa centifolia » et « Crocus Aureus »), sont conservés au musée des Arts décoratifs de Paris. On y trouve également un modèle de foulard en soie (« Coucou Arlequin, me voici », également édité par Primavera). Le musée conserve également plusieurs assiettes peintes (en Porcelaine de Paris, pour Christofle) par son mari Rémy Hétreau, ainsi que de nombreux projets graphiques et d’illustrations publicitaires de ce dernier.

L’écrivain René Barjavel écrivit à propos des créations de ce couple que tout dans leur art portait l’idée du bonheur... Et c’est effectivement le message que nous adresse cette belle assiette décorative que je vous propose à la vente aujourd’hui. Son motif de mains féminines délicatement stylisées, aux bracelets empierrés de couleurs, jouant avec un collier de perles de culture (peintes en légers reliefs), constitue assurément un cadeau symbolique et sensuel, d’un aussi beau présage que pourrait être celui d’offrir à l’être aimé une corne d’abondance...